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T E X T E S

    P O E S I E S

J'ai dans la tête un monde...

J’ai dans la tête un monde où nul ne va jamais,

Il n’est guère que mon ombre que j’y ai rencontrée,

Et il n’a pas de nom, et il n’a pas d’histoire,

Il n’a pas de mémoire de civilisations.

 

Il ne sait rien du sang qui souille les océans,

Des rêves qu’on bouscule, des cœurs que l’on brûle,

Des âmes que l’on maquille, des Dieux que l’on renie,

Du mal que l’on exhibe, des enfants qu’on trahit.

 

Il ne sait pas le nom que l’on donne aux parjures,

Ni même les prisons où l’on cache ses blessures,

Il ne sait pas l’amour que l’on jette en pâture,

Pour mieux violer le cœur des âmes un peu trop pures.

 

J’ai dans la tête un monde où nul ne va jamais,

Comme si ce monde-là n’était fait que pour moi.

Comme une terre promise dont personne ne voudrait,

Il n’est pas âme qui vive dans ce pays tranquille.

 

Mais dans ce monde-là, qui donc y survivrait !

Non pas toi mon amour, on ne peut pas tricher,

On ne peut pas construire sur le bien d’autrui,

On ne tire pas profit de ceux que l’on détruit.

 

Non pas toi mon amour, on ne mets pas de masque,

On ne bat pas tambour sur tout ce que l’on casse,

On ne fuit pas devant les feux que l’on allume.

On pleure sur les rêves des fleurs qui se consument.

 

J’ai dans la tête un monde où j’ai inventé l’Autre,

Celui qui me secoure, celui que je soutiens,

Celui que je guéris des maux d’une autre vie,

Et qui me tend la main quand je n’ai plus envie.

Chantal Allon

Tous droits déposés SACEM (Reproduction interdite)

LE BONHEUR

Mon cœur s'est brisé pour la millième fois

Un jour de désespoir dont je n’sais plus le mois.  

Toujours le même cœur pour la même blessure,

La même entaille profonde faisant sauter l’armure.

La gorge du bonheur tranchée comme une offrande

Pour sacrifier aux cultes de quelques diables étranges !

 

Il était revenu errer devant mon cœur

Vaincu par un matin violent d’apocalypse.

Il était revenu me prouver qu’il existe,

Ce grand bonheur tranquille à la carrure d’athlète,

Rassurant comme peut l’être,

Le pain d’un affamé, la grâce d’un condamné…

 

Il était revenu me parler à l’oreille,

De ces monts et merveilles, de cette autre planète

Qui tournerait autour de l’astre de l’amour.

Il était revenu ce frisson sur ma peau,

Ce sourire dans les yeux de mes matins radieux.

Il a fait que reviennent mes gestes oubliés,

Mes bras se sont ouverts, mes yeux se sont fermés,

Mes lèvres ont pardonné l’offense du passé.

 

Mais jamais le bonheur ne sait rester vivant,

Il trimballe avec lui quelques singes savants,

Des lanceurs de couteaux sans le moindre talent,

Des funambules tombés de leur fil d’acier,

Quelques voleurs de poules, quelques dealers traqués,

Toute une faune infâme d’équilibristes ratés.

 

Et le bonheur toujours se laisse assassiner

Dans une ruelle sombre, au pied d’un réverbère,

Là où viennent pisser tous les chiens de la terre.

Chantal Allon 

Tous droits déposés SACEM (Reproduction interdite)

L'AME SOEUR......

Tu m’as donné bien peu de toi,

Je t’ai longtemps imaginé, vécu de l’idée que j’avais, de la douceur de tes baisers, bien peu donnés.

Je t’ai longtemps presque traqué,

Toi qui courais vers d’autres bras, ceux qui ne te méritaient  pas, qui ne t’auraient rien sacrifié et qui parlaient bien mal de toi.

Je t’ai attendu malgré moi,

En espérant à chaque fois, que cette ombre-là  ce fut toi.

Je fus heureuse malgré toi, quelques années ou quelques nuits, à  t’emprisonner quelque part, dans les pièces vides de ma vie, puis à te regarder  t’enfuir.

Et si tu n’es jamais venu, j’aurai vécu d’y avoir cru.

Car cette vie à te chercher, à croire souvent t’avoir trouvé, fut du bonheur, je m’en souviens,

Alors n’aie pas trop de chagrin, nous nous retrouverons c’est sûr, dans un autre monde plus certain.

Mon âme sœur, ma source vive,

Pardonne-moi de n’avoir pas, su me trouver au bon endroit,

Pour mettre ma main dans ta main, Et mon destin dans ton destin.

Les chemins ici-bas sont fourbes et se plaisent à nous égarer, les bons chemins mettent des masques pour mieux nous perdre aux vents mauvais,

Là où les cÅ“urs cassent et se lassent, en s’inventant  des vies de rechange, de cet amour que l’on s’échange, pétri de haine et de vengeance.

Dans un autre monde plus certain, nous nous retrouverons c’est sûr, alors n’aie pas trop de chagrin !

Au paradis des amoureux, de ceux qui ont manqué leur train, je t’attendrai si Dieu le veut.

Chantal Allon

Tous droits déposés SACEM (Reproduction interdite)

BIEN SÛR

Bien sûr que les amours blessés

S’en vont mourir juste à côté

D’autres chagrins pas encore nés.

 

Elle reviendra cette fin d’automne

Ou l’on n’est plus là pour personne,

Et tout est à recommencer.

 

Et les je t’aime et les nous deux,

Les jours heureux puis les adieux,

La fin du monde et les regrets.

 

L’amour voyagera longtemps

En sautillant de branche en branche

Jusqu’à ce que l’arbre se défeuille.

 

Pourquoi veux-tu que je t’en veuille

Puisque l’amour n’a pas de cœur

Et ne connait rien du bonheur.

 

Toréador sanguinaire,

Il ne sait que la mise à mort

Du pauvre taureau dans l’arène.

 

Nous sommes les taureaux de l’amour,

Un jour vivants et l’autre morts

Dès que viennent les picadors.

 

Je te garde dans ma mémoire,

Resto du cœur de nos histoires,

Glorieuses et puis si misérables.

 

Chacun ici trouve sa place

Dans la détresse du temps qui passe,

Dans la ronde du souvenir.

 

Levons nos verres comme des amis

Que nous ne serons plus jamais,

Sachons vivre et sachons périr.

 

Lorsque sonne la fin d’un Nous,

Notre histoire entre dans l’Histoire

Qu’on conte à un nouvel amour

 

Avec ce ton désabusé

Et ces mots grossis à la loupe,

Tout comme on crache dans la soupe.

 

L’histoire d’amour n’est plus à suivre,

Un caillou a bloqué sa route,

La pierre est devenue montagne.

 

Vaille que vaille il faut survivre,

La nature a horreur du vide,

On remplace ce que l’on déplace.

 

L’amour voyagera longtemps

En sautillant de branche en branche

Jusqu’à ce que l’arbre se défeuille,

Pourquoi veux-tu que je t’en veuille ?

Chantal Allon

Tous droits déposés SACEM (Reproduction

interdite)

JE ME FOUS DE MA PEINE

Je me fous de ma peine, elle n'aura plus mes larmes,

J'aurai sa peau de chienne, même si je suis sans arme.

 

Elle me veut pour compagne et battre la campagne,

Bras dessus bras dessous comme un souvenir d'amour.

Avec ses yeux mouillants, m'offrant son cœur d'enfant,

Elle me fait le grand jeu d'une solitude à deux.

Elle m'ouvre des bras immenses comme des longs dimanches,

Avec pour paysages tous mes plus beaux naufrages.

 

Je me fous de ma peine, elle n'aura plus mes larmes,

J'aurai sa peau de chienne, même si je suis sans arme.

 

J'irai le cœur battu, arracher à mains nues,

Des bonheurs que l'on glane juste avant qu'ils ne fanent.

Mais le temps d'une rose, le temps de pas grand-chose,

Coulera dans mon corps un peu d'espoir encore.

Et petit à petit comme l'oiseau fait son nid,

Je referai mes pas comme on refait sa vie.

 

J'me foutrai de ma peine comme d'une dernière guigne,

De ma première haine ou de mes faux amis.

 

Dans la poussière immense de toutes mes croyances,

Je poserai la pierre qui me verra renaître.

Et je reconstruirai mes villes et mes villages,

Mon ciel et mes soleils et mes pieuses images.

De mes lèvres entrouvertes, devant mes yeux mi-clos,

Le bonheur reviendra frissonner sur ma peau.

 

Je jetterai ma peine, comme une vieille chemise,

Pour vêtir les vautours de mes sombres atours.

 

Alors je ferai fuir de mes villes nouvelles, 

Les fossoyeurs de rêves et les pilleurs de vies.  

Et à tous les tricheurs, les cœurs secs, les rageurs,

Les envieux, les jaloux, les violeurs de mes jours,

Tous ceux qui dans ma chair ont porté tant de coups,

Tous ceux en qui j'ai cru que j'ai aimés sans doute,

 

Tous ceux qui m'ont laissée sans provisions de route,

Je leur donnerai ma peine en souvenir de nous.

Chantal Allon

Tous droits déposés SACEM (Reproduction interdite)

Je suis assise à côté de mes rêves.

Tout contre vous ma peau frémit comme autrefois,

L’envie de vous me vient, une dernière fois,

Comme un ultime adieu avant que tout s’achève.

 

Vous êtes près de moi, je ne vous entends plus,

Nos codes se sont enfuis, nos signaux disparus,

Finies nos manigances, mortes nos confidences,

Vous ne m’effleurez plus de vos lèvres fiévreuses.

 

Je caresse les ailes de nos vies vagabondes.

Malmenés, nous le fûmes, à cheminer sans trêve,

Sur nos chemins de dunes, d’espoirs et d’illusions.

Sous nos  poussières d’étoiles, j’avais appris le monde.

 

Je vous aimais, c’est fou et nous dormions ensemble.

Sous nos nuits de fortune, sur nos matins de cendres,

Sous les néons éteints  de nos néants sans nombre,

Je ne voyais que vous, le cœur à l’abandon.

 

Vous ne quittiez jamais mes gestes et mes pensées,

Ma volonté jamais n’avait compté sans vous,

Longtemps, pour vous garder, j’avais tout sacrifié,

Mes larmes étaient si douces  lorsqu’elles venaient de vous !

 

Rêves de ma vie et ma vie tant rêvée,

Je ne regrette pas ce temps à cœur battant.

Dans l’été crépitant de nos soleils brûlants,

Je lisais dans vos yeux nos lendemains glorieux.

 

Je vous aime aujourd’hui comme aux tous premiers jours.

J’ai croqué dans le fruit que vous m’aviez tendu,

Et mon âme a gardé le goût de nos amours,

Ce souvenir de miel à l’éternelle ivresse.

 

Emportez-moi encore, une dernière fois,

Dans la danse des rois d’un pays d’élection,

Parés de nos frissons, de nos cœurs qui palpitent,

Nous redirons les mots de nos formules magiques.

 

Et tout s’embrasera sous nos pas conquérants,

Et nos chaînes et nos peines, et nos renoncements,

Et nos freins et nos manques, et nos sommeils sanglants,

Tous ces riens qui ont fait que nous étions ensemble !

A CÔTE DE MES RÊVES

CETTE BLESSURE

Chantal Allon

Tous droits déposés SACEM (Reproduction interdite)

TU SAIS

Tu sais je n’ai plus la confiance du premier amour

Tu sais je n’ai plus l’impatience du premier rendez vous

Tu sais je n’ai plus l’imprudence du premier faux serment

Je n’ai plus le courage du premier naufrage

 

Tu sais je n’ai plus la tendresse des premiers beaux jours

Tu sais je n’sais plus les caresses des premiers toujours

Tu sais je n’ai plus l’étincelle du premier réveil

Je n’ai plus la détresse de la première peine

 

Moi j’avais juré de l’aimer toujours

Lui mon seul ami, lui mon pauvre amour

Quand le temps se lasse, jamais le cœur n’efface

Les sourires d’un printemps emportés par le vent

Moi mes souvenirs sont ma seule prison

 

Tu sais je n’ai plus la violence des premiers combats

Tu sais je n’ai plus la colère de ces retours de guerre

Tu sais je n’ai plus la faiblesse de mordre la poussière

Lorsque j’allais sans armes, le cœur à découvert

 

Moi j’avais juré de l’aimer toujours

Lui mon seul ami, lui mon pauvre amour

Mais quand le ciel se voile dans les nuits de velours

Pas une seule étoile ne m’a porté secours

Moi mes souvenirs sont ma seule prison

 

J’ai crevé tous les doutes qui ont bordé mes routes

Assassiné l’ennui qui abîmait l’envie

Ressuscité la nuit, en refaire une amie

Et puis du bout des lèvres, j’ai dit d’autres je t’aime

 

Où vis-tu mon amour, moi qui ai pris ton cœur

Et moi qui, de ton sang, avais bu le meilleur

J’ai des morceaux de toi dans ma tête et mon âme

Mes pas sont dérisoires et je n’ai plus de larmes

Moi mes souvenirs sont ma seule raison

Cette blessure,

Qui s’ouvre jour après jour comme une injure,

Sur tous ces mots d’amour que j’ai pas su,

Ce monde immense que je n’ai pas tenu,

Tout cet azur que j’ai pas vu.

 

Cette blessure,

Qui pose sur mon cœur comme une armure,

Une limite, un mur, un défendu,

Qui jett’ sur mes pas comme un fil tendu,

Comme une main, qui me retient.

 

Cette blessure,

Comme une arme braquée sur des mots purs,

Grisant mon âme sur des malentendus,

Bradant mon coeur sur des chemins perdus,

Cette blessure que je rassure.

 

Cette blessure,

Que je maquille le soir au clair de lune,

Quand mes cheveux couvrent la déchirure,

Quand mon rire claque au vent de l’univers,

Comme une larme sur le désert.

 

Je veux t’aimer,

Toi que je lis dans mes rêves secrets,

Pour qui ma bouche invente des baisers,

Pour que tu naisses enfin de mes pensées,

Que tu sois là, à mes côtés.

Chantal Allon

Tous droits déposés SACEM (Reproduction interdite)

Chantal Allon

Tous droits déposés SACEM (Reproduction interdite)

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